dimanche 28 mai 2017

Que peut-on dire de la prière ?

Les entretiens du dimanche
32

La prière

1- Que peut-on dire sur la prière ?


Théophile avait de temps en temps des nouvelles de Candide. Elle disait que son stage se déroulait sans problème, et que les entretiens du dimanche lui manquaient beaucoup.
Pour l'heure, Théophile planchait sur un thème que lui avait suggéré le Père Stanislas, thème qui portait sur la prière. En effet, au cours d'entretiens ou de confessions avec certains de ses paroissiens, le Père Stanislas avait constaté que la prière n'était pas une activité facile pour eux. Le Père Stanislas avait précisé sa pensée près de Théophile. Il lui avait dit : « Ce n'est pas un exposé théologique que je vous demande, mais plus simplement, dire ce que signifie pour vous la prière. Car je sais, mon cher Théophile, que vous n'êtes pas un théologien mais un homme autodidacte, dont la formation religieuse repose essentiellement sur l'expérience. Je pense que votre travail pourrait faire l'objet de quelques exposés auprès de nos paroissiens ».

Voici ce que Théophile a composé sur ce thème.

Introduction
Il arrive que l’on rencontre des personnes qui ont de grandes difficultés avec la prière. La prière est aussi un temps difficile pour moi. D’abord, par l’absence physique de celui ou de celle que l’on prie. Ensuite, l’esprit vagabonde souvent et se perd dans des méandres qui l’éloignent de son objet. Enfin, parce que je suis incapable de rester sans bouger au bout de quelques courtes minutes. Je n’irai pas jusqu’à dire, comme je l’ai entendu une fois, que je ne vois pas l’intérêt « de parler au plafond » !
Autre défaut : la prière est très souvent une prière de demande, et rarement une prière d’Action de grâce. Pardonnez-moi si j’ose encore parler de prière, mais je ne vois pas comment qualifier autrement cet exercice difficile qu’est la prière. Plus grave encore : la fréquence de la prière s’accroît dans les périodes de difficulté : elle diminue quand tout va bien, ou au sortir d’un moment difficile.
Voilà un tableau bien pessimiste, sombre comme une nuit sans lune, sans espérance, sans joie, sans foi en Dieu. C’est pourquoi nous allons essayer de comprendre ce que veut dire prier, car, pour un croyant, prier est une nécessité, une joie de rencontrer son Dieu.4

Une première approche
Quand nous sommes en période de Carême, il me semble que le texte le plus approprié pour comprendre ce que représente le Carême est tiré de l’évangile de Matthieu, au chapitre 6, versets 1 à 18 (Texte parallèle en Lc 11,2-4). Il exprime comment faire l'aumône, prier et jeûner de manière à plaire à Dieu. Voici ce que le Christ disait à ses disciples concernant la prière :
01 « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
05 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
06 Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
07 Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
08 Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé.
09 Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
10 que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
11 Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
12 Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs.
13 Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal.

Que dit ce texte, en substance ? Trois points émergent:

1- À propos des hypocrites, il faut comprendre ce que Jésus entend par là.Cette épithète vise tous les faux dévots de piété affectée et tapageuse. Ainsi Jésus recommande d’être discret quand on prie, surtout en public ou dans un lieu de culte. Quand j’étais étudiant à Paris, il m’arrivait de prier dans le métro ou le bus. Et pendant mon service militaire, durant les moments de répit, je priais aussi de façon très discrète.
2- Quand vous priez, ne vous donnez pas en spectacle, retirez-vous en un lieu isolé et silencieux. Par son exemple, (Mt 14, 23), comme par ses instructions, Jésus a enseigné à ses disciples le devoir et la façon de prier. Les évangélistes, surtout Luc, notent souvent que Jésus prie dans la solitude ou la nuit, au moment des repas, et lors d’événements importants : au Baptême, avant le choix des Douze, l’enseignement du Pater, et la confession de Césarée, à la Transfiguration, à Gethsémani, sur la croix. Il prie pour ses bourreaux, pour Pierre, pour ses disciples et ceux qui les suivront. Il prie aussi pour lui-même. Ces prières démontrent qu’il existe une relation permanente entre le Fils et le Père, qui ne le laisse jamais seul, et l’exauce toujours. Par ces exemples comme par son enseignement, Jésus a inculqué à ses disciples la nécessité et la façon de prier. À présent, près du Père, il continue d’intercéder pour les siens, comme il l’a promis, (Jn 14, 16-18 : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l'Esprit de Vérité … Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous; et en vous il sera. Je ne vous laisserai pas orphelins »).
Jésus recommande à ses disciples que la prière doit être humble devant Dieu et devant les hommes, du cœur plus que des lèvres, confiante en la bonté du Père, et insistante jusqu’à l’importunité. Elle est exaucée si elle est faite avec foi, au nom de Jésus, et demande de bonnes choses, telles que l’Esprit Saint, le pardon, le bien des persécuteurs, surtout l’avènement du Règne de Dieu et la préservation lors de l’épreuve eschatologique. C’est toute la substance de la Prière modèle enseignée par Jésus lui-même.
3- Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés, ce qui est inutile, car le Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l'ayez demandé.
Je tiens à disposition toutes les références aux textes bibliques qui figurent dans toute bonne bible et que j’ai consultées.
En substance, il en ressort : isolementsilenceconfiance. Voilà les maîtres mots qui, d’après ce passage d’évangile, caractérisent les conditions optimales pour prier et entrer en relation avec Dieu.
Isolement et silence: certes, mais ce n'est pas toujours facile. En effet, il peut y avoir urgence à prier, par exemple en cas de danger. Chez soi, si cela est possible, il est souhaitable de créer un coin-prière, dans un espace silencieux.
Confiance: évident, sinon à quoi bon prier si on n'a pas confiance envers celui ou celle qu'on prie.
Rabâcher? Mais alors, le chapelet n'est-il pas visé par cet écueil? Non, bien sûr. Rabâcher signifie "répéter sans cesse de façon fastidieuse". Ce qui est fastidieux est barbant, inutile, stérile. Ça peut être le cas du chapelet lorsqu'il est prié à toute vitesse, comme pour s'en débarrasser: j'ai constaté que c'est parfois se qui se passe quand le chapelet est prié en groupe; on dirait que le groupe a un train à prendre d'urgence! Nous reparlerons plus tard du chapelet.

Quelques objections sur l’utilité de la prière
Communément, on dit que prier c'est s'adresser à Dieu. En réalité, la prière est un mouvement de l'âme qui tend à une communication spirituelle avec Dieu, par l'élévation vers lui des sentiments. La prière serait-elle donc une sorte d’entrée en dialogue avec Dieu ?
Aussitôt, cette définition soulève des objections. On avance que c'est fuir ses responsabilités en transférant à Dieu ce que nous ne voulons pas faire. Combien de fois constatons-nous à la messe dominicale que la prière universelle demande à Dieu d’intervenir et de faire ceci ou de faire cela ; c’est bien une forme de fuite, car on se défauss ede nos obligations ou de nos devoirs de chrétien. On dit aussi que c’est se consoler à bon compte parce que c'est un mode enfantin de comportement pour l'homme qui n'est pas assez fort ou adulte pour affronter la réalité et qui trouve dans la prière un refuge artificiel. Pire encore : c'est aussi une manière d'essayer de mettre Dieu au service de nos intérêts et de nos besoins ; au lieu de servir Dieu, nous lui demandons de se mettre à notre service. Enfin, pour beaucoup, c'est une pratique d'un autre temps; pour l'homme du vingt et unième siècle qui se veut libre et libéré, c'est dépassé.
Arrêtons là le registre des objections. Ces déviations existent indéniablement. Prier ne serait donc pas une activité humaine sérieuse ? Certes non, car prier ainsi qu'on vient de l'évoquer n’est pas la vraie prière, ne peut pas être celle de Jésus, ni celle des saints. Bref ! Le chrétien sent bien qu'on ne peut pas évacuer la question aussi facilement, et il s'interroge doublement: qu’est-ce que prier? Pourquoi prier?
Isolementsilenceconfiance. Savons-nous encore prier ? Serait-ce une science perdue ? Peut-être ? Il n'existe plus guère de maître, ni d'école de prière. Y a-t-il une église, où le dimanche on apprenne à prier, où on se sente soulevé dans un élan de prière vers Dieu? C'est rare, pour ne pas dire jamais le cas, et c’est bien dommage, au même titre qu’extrêmement peu de prêtres donnent une éducation solide sur la messe. 

Alors, que faut-il penser de la prière ?
Etre une âme de prière c'est avoir une relation d'intimité avec chacune des trois personnes de la Trinité. Ce n'est pas une prière intellectuelle; c'est une prière qui nous rend amoureux de Dieu. C'est une grâce d'abandon de nous-mêmes, d'intelligence de la Parole de Dieu. Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : “Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples.”(Lc 11,1) La réponse de Jésus fut le "Notre Père". Chacune des trois personnes renvoie à l'autre: le "Notre Père" est tourné vers le Père et l'Esprit.
Dans ce passage de saint Luc, Jésus donne un exemple instructif pour ses disciples qui insistent pour savoir prier comme lui:
5 … “ Supposons que l'un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander :'Mon ami, prête-moi trois pains : 6 un de mes amis arrive de voyage, et je n'ai rien à lui offrir.' 7 Et si, de l'intérieur, l'autre lui répond : 'Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain',  8 moi, je vous l'affirme : même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut. 9 Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. 10 Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvre. 11 Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? 12 ou un scorpion, quand il demande un oeuf ? 13 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! ” (Lc 11,5-13)
La demande de cet homme à son ami repose sur un besoin important et justifié: offrir du pain à un voyageur qui arrive à l'improviste. La demande est insistante, mais en aucun cas elle n'est du "rabâchage". Elle exprime une nécessité impérieuse. Mais ce qui est important à mes yeux c'est ce que dit cet homme : "prête-moi trois pains". Prêter implique rendre. Notre prière se doit donc d'exprimer une nécessité justifiée, et de rendre grâce au Seigneur ensuite; ces quatre mots expriment une confiance inébranlable envers le Seigneur, envers le Père, le Fils et l'Esprit.

Y a-t-il plusieurs manières de prier ?
Il y a différentes étapes de la vie de prière:
-Une étape méditative.
-Une étape contemplative.
-Une étape en union avec Dieu.
Ce ne sont pas des étapes chronologiques; tout dépend de notre chemin.

-Une étape méditative.
C'est l'accueil du par l'intelligence de la foi et l'écoute de la Parole. On peut demeurer dans cette Parole, l'Esprit nous donnera la lumière pour la comprendre. C'est une étape importante dans la vie spirituelle, c'est l'étape de la révélation. Jésus est mon maître qui m'enseigne les chemins de Dieu, doucement, patiemment, à l'aide de la Parole qui est sienne. À cette étape se relie tout ce qui est lecture spirituelle: quelque chose m'est donné à travers ces mots.

-Une étape contemplative.
Écoutons Ignace de Loyola: "Ce n'est pas l'abondance du savoir qui rassasie l'âme mais c'est de goûter les choses". "Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur" (Ps 34,9). Il y a là une dimension affective que mettent bien en évidence les disciples d'Emmaüs : «Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures?» (Lc 24,32),. Cela suppose renoncement et simplification. Faisons taire notre intelligence, écoutons notre coeur. Dieu se communique sans paroles, sans idées, mais par le recueillement, le silence. Dieu donne cette prière.

-Une étape en union avec Dieu.
Cette étape appartient à Dieu. Elle se fait sous son action. Elle est donnée gratuitement. C'est une grâce que Dieu donne dans son immense amour et sa miséricorde : on reçoit recueillement, paix, silence, quiétude. Il est bon d'être saisi par Dieu et non de le saisir.

L'accès à ces étapes ne peut se faire que par une épreuve: celle de l'aridité de la prière, de la crise de la nuit, du désert. Si on en souffre, il faut discerner deux causes:
-C'est le signe que l'homme intérieur en moi s'est endormi. On est pris par le monde. L'espace spirituel est envahi: nous sommes asphyxiés, étouffés. La prière devient difficile dans ces cas-là. Il faut réveiller l'homme intérieur, il faut que ce soit durable.
-C'est une crise de croissance. Même dans la difficulté, mon désir de Dieu demeure. Je reste avide, nostalgique, assoiffé de Dieu. Le Seigneur me dit "avance en eau profonde" (Lc 5,4). Il faut aller plus loin en se dépouillant soi-même, en se purifiant.

L'eucharistie est un chemin de prière qui regroupe les trois étapes: accueil de la Parole d'abord (méditation), étape de l'offrande  (l'offertoire) de l'action de grâce, de la louange. Prière eucharistique --> étape d’union: prière du "Notre Père", communion entre nous, puis communion avec Notre Seigneur, geste de paix "Si tu as quelque chose contre ton frère, va d'abord te réconcilier avec lui". La messe est une école de prière. Elle saisit toutes nos capacités humaines et spirituelles.

Comment vivre chaque étape ?
La progression dans chaque étape peut se résumer ainsi: aller, demeurer, quitter.
Aller: On n’entre pas dans la prière sur un coup de tête : « Tiens ! Si je priais … » C’est être désinvolte envers Dieu. Peut-on un instant espérer que Dieu va nous écouter ?
Certes, il y a des circonstances où prier devient en un instant une nécessité absolue. Par exemple, en cas de danger, ou encore quand on a une décision importante à prendre sur l’instant. Dieu sait alors l’importance que revêt pour nous cette prière ; Il sera immédiatement à notre écoute.
Se mettre en prière, corps et âme. Consciemment: signe de croix --> trinitaire; génuflexion --> abaissement; humilité (de humus = terre). Vivre un moment de louange à chacune des trois personnes. Se fixer un temps: ne pas se laisser conduire par sa fantaisie, c'est un temps qui est donné en fonction de moi-même. avoir conscience de la présence de Dieu.

Demeurer: demeurer en fonction de la grâce qui m'est donnée par le Seigneur qui m'appelle, par exemple à partir d'un texte. Où mon coeur a-t-il vibré? C'est le don de Dieu. Demeurer dans le silence, la paix, le repos. Laisser couler en moi la présence de Dieu. Demeurer implique une durée: notre être met du temps à s'apaiser. Le corps doit être associé à la prière. Un progrès, c'est prier les yeux fermés.
La prière efficace est celle que Jésus a enseigné à ses disciples, le « Notre Père ». Mais à une condition : ne pas la bâcler mais la prier de tout notre cœur, de toute notre ferveur. Combien de fois avons-nous entendu cette prière récitée d’un air distrait, comme quelque chose de très banale, et même à une vitesse exagérée !
              La prière ne se perd pas : elle obtient toujours une réponse, mais ne soyons pas impatients.

Quitter: ne pas quitter la prière en vitesse, dire des mots d'amour. Confier ce qui va suivre: nous sommes appelés à vivre en état de prière. Le but est la prière continuelle, être une âme de prière. On est un contemplatif dans l'action: prier dans l'autobus, dans les activités diverses. Mon coeur profond est branché sur Dieu.

La prière est un chemin merveilleux, un chemin de guérison. C'est une grâce qui nous est offerte par notre silence: il y faut entrer, dans le silence.

Il y a des obstacles à la prière:
-Ce qui nous pèse.
-L'intellectualisme: il faut laisser renaître mon coeur. Les cérébraux ont de la peine à laisser vivre leur coeur.
-Blocage au niveau de la parole: on est enfermé en soi.
-Blocage du corps qui peut faire obstacle à la quiétude.
Il faut accepter d'être accompagné pour vivre une prière profonde. Vivre et accepter l'accompagnement spirituel. Le frère qui se laisse aider par son frère est une place forte. L'accompagnement doit être amical, fraternel; ne pas se laisser bloquer dans une sorte d'orgueil. L'accompagnement est une rencontre fraternelle, priante. Être à l'écoute de ce que le Seigneur me dit. Qu'est-ce que Dieu me dit? Qu'est-ce qui me frappe? Qu'est-ce qui me rend heureux? Qu'est-ce qui me peine? C'est une aide au discernement, qui ne se fait pas sans accompagnement. Trouver la parole qui libère. L'accompagnement est une grâce; il y a tant d'êtres isolés, en panne. C'est une grâce: on devrait accepter d'accompagner des personnes. C'est un ministère.

Dieu écoute notre prière
Notre blog 34 du 11 décembre 2008 attirait l’attention sur le pardon. Nous disions que, nous chrétiens, savons et affirmons que Dieu est Dieu de pardon (Ex 20,6), un “Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité.” Loin de vouloir la mort du pécheur, il veut sa conversion (Ez 18,23) ; « ses voies ne sont pas nos voies », et « ses pensées dépassent nos pensées » (Is 55,8).
Les penseurs de l’Ancien Testament ont plusieurs fois affirmé cette certitude. Ainsi dans le psaume 85, le psalmiste écrit : « Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie. Je t'appelle au jour de ma détresse, et toi, Seigneur, tu me réponds. »
De même le psaume 130 exprime une confiance totale en la miséricorde de Dieu. «Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière! Si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera? Mais près de toi se trouve le pardon. »
Si nous sommes dans la peine, si notre foi faiblit, adressons à Dieu une prière venant du plus profond de notre cœur. Dieu nous écoutera et à sa manière, la meilleure pour nous soyons-en sûrs, il nous répondra à l’instant qu’il faut.
Le silence de Dieu n’est jamais une marque d’indifférence.

Pour rendre notre vie féconde sans tristesse.
Je ne sais plus où j'ai lu ce qu'écrivait le cardinal John Henry Newman (1801-1890), prêtre, fondateur de communauté religieuse, et théologien : « Sortez du tombeau du vieil Adam, abandonnez vos préoccupations, les jalousies, les soucis, les ambitions du monde, l'esclavage de l'habitude, le tumulte des passions, les fascinations de la chair, l'esprit froid, terre à terre et calculateur, la légèreté, l'égoïsme, la mollesse, la vanité et les manies de grandeur. Efforcez-vous désormais de faire ce qui vous paraît difficile, mais qui ne devrait pas, ne doit pas être négligé : veillez, priez et méditez »

Ces trois derniers mots, voilà ce qui doit être notre règle de vie quotidienne. « Prier, c’est ouvrir la porte de notre coeur à Dieu. » Dieu a des choses à nous dire : écoutons-le, ne fermons pas notre porte.

Elle est si grande, la puissance d’une âme livrée à l’amour. Marie, la sœur de Lazare, en est un bel exemple : un mot lui suffit pour obtenir la résurrection de son frère: "Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort." Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde. (Jn 11,32-33) Que notre prière vienne du fond de notre cœur, pour tous ceux auxquels nous avons un profond et sincère attachement ! Et puis il y a ceux que nous n’aimons pas : pourquoi ne pas prier pour eux aussi: " Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux" (Mt 5,44-45) ?

Que conclure?
Le Dieu des chrétiens n’est pas un Dieu lointain, mais bien au contraire un Dieu toujours présent et soucieux de nous. Certes, il existe des situations dans lesquelles Dieu semble bien absent et sourd ; est-ce si sûr ?
Dans sa Lettre apostolique «  Au début du nouveau millénaire », le pape saint Jean-Paul II (6 janvier 2001) affirme que pour avancer sur le chemin de la sainteté, il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l'art de la prière. Il ajoute que la prière ne doit pas être considérée comme évidente. Il est nécessaire d'apprendre à prier, recevant pour ainsi dire toujours de nouveau cet art des lèvres mêmes du Christ, comme les premiers disciples qui demandaient : “Seigneur, apprends-nous à prier!”
Toujours d’après cette lettre, il apparaît que la prière est dialogue intime avec le Christ : “ Demeurez en moi, comme moi en vous ” (Jn 15,4)
La prière, réalisée en nous par l'Esprit Saint, nous ouvre à la contemplation du visage du Père, par le Christ et dans le Christ… Nos communautés chrétiennes doivent devenir d'authentiques écoles deprière, où la rencontre avec le Christ ne s'exprime pas seulement en demande d'aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente, jusqu'à une vraie “folie” du cœur, qui en nous ouvrant à l’amour de Dieu, nous ouvre aussi à l’amour des autres.

En fait, tout dépend de nous. Si notre âme n’est pas toute confiante en Dieu, parce qu’elle a en elle-même une intention cachée (Dieu, évidemment que je crois en Toi, mais fais en sorte que …), ou bien parce qu’elle est distraite ou manque de sincérité, alors Dieu attend la conversion de cette âme, et rien ne vient. Si au contraire, notre âme est tout entière prête à accueillir Dieu, alors Dieu écoute et agit, mais toujours pour notre bien, immédiatement ou en différé, et souvent Il donne plus que ce qu’on lui demande.

Notre religion n'est pas la religion de l'absence de Dieu, mais de sa présence, de sa présence réelle, malgré son invisibilité et son inaccessibilité physique. Dieu n’est accessible que par la prière, et j’ajouterai, par notre âme qui saisit sa présence et sa parole. Encore faut-il que nous nous isolions, que nous fassions silence, que nous vidions de notre esprit tout ce qui l’encombre, et aussi, et c’est l’essentiel, que nous fassions confiance en Dieu.
Enfin, je précise que cet exposé sur la prière n'est pas exhaustif, et il reste encore bien des choses à dire !
*****
Chers lecteurs, si vous avez des remarques, des observations ou des questions, n'hésitez pas à m'écrire à l'adresse jacques.choquet2@orange.fr . Jusqu'à aujourd'hui, votre silence est "assourdissant"

Le dimanche 28 mai 2017  

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