vendredi 21 juillet 2017

Fête de l'Assomption 15 août

Les entretiens du dimanche
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L'Assomption

Le 15 août de chaque année, l'Église catholique célèbre la fête de l'Assomption, en l'honneur de la Vierge Marie, mère de Jésus le Christ. En l'absence de Théophile, nous allons tenter d'esquisser les raisons qui justifient cette fête très importante pour l'Église catholique.

Tout d'abord, que signifie le mot "assomption"? Assomption est un mot qui vient du latin adsumere qui veut dire "prendre avec soi". Cela ne nous avance guère pour expliquer le sens de la fête chrétienne. Quoique …. mais n'anticipons pas.

Marie tient une place importante dans la vie des chrétiens; reportons-nous par exemple au texte écrit par Théophile sur le Rosaire. C'est elle qui a donné naissance à Jésus, reconnu Fils de Dieu, venu en notre monde pour sauver les hommes de la mort et leur montrer le chemin qui mène à Dieu vers la vie éternelle. C'est elle qui sera la mère douloureuse au pied de la croix, assistant avec très peu de fidèles à l'agonie de son fils, condamné à mort à l'issue d'un procès inique. Mais c'est elle aussi qui sera présente avec les disciples pour prier son fils quand il sera parti rejoindre le Père. Là, s'arrête ce que l'on sait avec assez de précision. L'apôtre Jean la prit avec lui comme Jésus agonisant le lui avait recommandé:
"Jésus, voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils. ” Puis il dit au disciple : “ Voici ta mère. ” Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jn 19, 26-27)

Les premiers siècles de l'Église chrétienne furent consacrés à préciser le contenu de la foi. Parallèlement, avec plus de simplicité, mais avec beaucoup de cœur, les chrétiens  firent une place de choix à Marie. 
Très tôt, les chrétiens orientaux ne purent supporter l'idée que Marie, mère du Christ, était morte comme tous les êtres humains. Ils sentaient que le Christ avait réservé une tout autre issue à la vie de sa mère. Pour eux, si Marie a été préservée de la mort spirituelle du péché, elle devait être préservée de la corruption du tombeau.
En 373 ap. J-C., un diacre syrien et théologien dans la région de l'Assyrie, saint Ephrem, évoque le concept selon lequel le corps de Marie serait resté, après son décès, intact, non atteint par l'impureté de la mort, au sens de la Torah juive.
Au 4e siècle, un évêque et théologien chrétien, Épiphane de Salamine, envisage plusieurs hypothèses sur ce qu'il est advenu de Marie à la fin de sa vie. Il conclut qu'on ne peut pas se prononcer sur ce point.
En Occident, à la fin du 6e siècle, Grégoire de Tours, évêque de Tours, historien de l'Église,  est le premier à faire mention de l'Assomption. Il s'appuie sur un corpus de textes apocryphes, appelés collectivement le Transitus Mariæ. Selon la tradition qui en résulte, Marie rencontre sur le Mont des Oliviers un ange qui lui remet une palme de l'arbre de vie et lui annonce sa mort prochaine. Marie rentre chez elle et fait part de la nouvelle à son entourage. Mystérieusement avertis, les apôtres viennent des différents endroits où ils sont partis prêcher, afin d'entourer Marie. Jésus apparaît entouré d'anges pour recevoir l'âme de sa mère, qu'il confie à l'archange Michel. Les apôtres enterrent le corps au pied du Mont des Oliviers. Quelques jours plus tard, Jésus apparaît de nouveau et emporte le corps au Paradis, où l'âme et le corps de Marie sont réunis.
Notons au passage que la venue des apôtres pour entourer Marie a sans doute inspiré une peinture qui se trouve dans l'église Saint-Michel de Dijon. Malheureusement, je n'ai pas d'illustration valable à proposer (peinture très sombre et difficile à photographier). Cette œuvre, qui a été restaurée, est une peinture murale qui représente “ La mort de la Vierge ” par Nicolas de Hoey, peintre de la ville de Dijon (1581). La Sainte Trinité, Dieu le Père, avec son Fils, et l'Esprit Saint représenté sous la forme d'une colombe, veille sur la Vierge. Le musée d'art sacré‚ de Dijon nous a fait parvenir le texte d'une communication faite par E. Fyot devant l'Académie de Dijon entre 1927 & 1931. En voici un extrait:
“ Cette peinture, haute de 5,70 m, large de 1,90 m, est exécutée à l'huile sur un enduit solide, de plâtre ou de bourre, qui ne s'est pas effrité. Malheureusement les ombres ont poussé au noir, sans doute par une réaction de l'enduit sur les produits colorés sous l'action des agents atmosphériques. A cause de son élévation et du manque de recul, ainsi que de l'éclairage défavorable, cette peinture n'est pas facile à regarder. Elle se divise horizontalement en deux parties.
1- Dans la zone inférieure et la plus importante, la Vierge mourante est couchée, les mains jointes, et comme en extase dans un grand lit central à baldaquin placé au fond du cénacle, qui est carrelé de blanc et de rouge. Autour du lit, sont disposés les Apôtres et les disciples, avertis du moment suprême, dit la Tradition, par une révélation divine. Ils sont vêtus à l'antique, mais l'un d'eux, assis au chevet de la mourante, en face d'un livre ouvert, porte une sorte de costume sacerdotal. Il parle avec véhémence à Marie, moins pour l'assister à ses derniers moments que pour lui demander de protéger encore du haut du ciel ceux qu'elle va quitter… Un second Apôtre présente à la Vierge un flambeau allumé, un autre au fond et à droite tient une croix processionnelle, tandis qu'en avant du lit se voit, par terre, un bénitier portatif muni de son goupillon; tous accessoires funèbres qu'on retrouve dans certaines dormitions de l'époque. À gauche, saint Jean paraît consigner, dans un livre ouvert sur son genou, les dernières paroles de Marie. Sur le même plan, à droite, un Apôtre, probablement saint Paul, arrivé après les autres, toujours selon la Tradition, se dirige vers Marie pour répondre à son appel. 
2- La partie supérieure de l'oeuvre représente la Sainte Trinité prête à recevoir au ciel la Vierge Marie. On y distingue le Père et le Fils, assis sur le même siège. L'Esprit est figuré par une colombe. ”
D'autres récits vont suivre. Citons la tradition de l'Église de Jérusalem à ce sujet : Juvénal, évêque de Jérusalem, se voit demander lors du concile d Chalcédoine, le corps de Marie par l'empereur Marcien et son épouse. Juvénal répond que Marie est morte entourée de tous les apôtres, sauf Thomas, qui est en retard. À son arrivée, quelques jours plus tard, Thomas demande à voir la tombe, mais celle-ci s'avère vide ; les apôtres en déduisent alors que Marie a été emportée au ciel.
Une autre tradition rapporte que l'Assomption eut lieu à Éphèse, dans la maison connue aujourd'hui comme la « Maison de la Vierge Marie ». Marie y a accompagné l'apôtre Jean, à qui le Christ, sur la croix, l'avait confiée. La première allusion attestée ne date que de la fin du 9e siècle, dans un manuscrit syriaque qui rapporte que Marie suit Jean à Éphèse et qu'elle y meurt. Personnellement, je fais bien plus confiance à cette hypothèse, car on sait que Jean s'était retiré à Éphèse avec Marie. En effet, on ignore ce qu'a pu être le reste de la vie de Marie, après les événements de Jérusalem qui ont vu la crucifixion de Jésus et sa résurrection. Une tradition plausible, mais invérifiable, fait venir Marie à Ephèse avec Jean. Dès le 2e siècle, les auteurs chrétiens soulignent le rôle exceptionnel tenu par Marie dans l'oeuvre de rédemption accomplie par son fils. En 431, le concile d'Ephèse la proclame Mère de Dieu: Theotokos. Peu à peu, l'idée s'impose que, pour être Mère de Dieu, il a fallu que Marie échappe à la souillure du péché, et qu'elle a pu également être glorifiée dans son âme et dans son corps à la fin de sa vie terrestre sans avoir à attendre la résurrection générale (fête à Antioche au 4e siècle; Dormition de la Vierge célébrée en Orient dès le 6e siècle; Grégoire de Tours élabore le concept de cette foi au 6e siècle). De là sont issus les dogmes de l'Immaculée Conception (proclamé le 8 décembre 1854 par le Pape Pie IX, nous en reparlerons dans un proche avenir) et de l'Assomption (proclamé le 1er novembre 1950 par le Pape Pie XII).
Les chrétiens orthodoxes célèbrent Marie le 15 août, et la liturgie byzantine est ainsi composée (Tropaire de la fête de la Dormition) : "Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, dans ta dormition tu n'as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu : tu as rejoint la source de Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort." La mort de Marie est évoquée comme une dormition pour les chrétiens orientaux, comme une assomption pour les chrétiens catholiques romains. 
Quoi qu'il en soit de l'appellation retenue, la croyance religieuse orthodoxe et catholique affirme que la Vierge Marie, mère de Jésus, n'est pas morte comme tout un chacun mais est entrée directement dans la gloire de Dieu:  elle est « montée au ciel ».
Sans fondement directement scripturaire mais très ancienne dans la Tradition des Églises d’Orient comme d’Occident, la croyance fut définie comme dogme religieux, c’est-à-dire "vérité de foi chrétienne" par l’Église catholique en 1950. Tout en partageant la même foi en l'Assomption, les Églises orientales n'ont jamais souhaité définir la "Dormition" en termes dogmatiques.
Dans l’Église catholique, l’Assomption de la Vierge Marie est célébrée de manière solennelle, le 15 août.  Dans le calendrier anglican la fête de l’Assomption a disparu en 1549 mais le 15 août est resté la fête principale de la Vierge Marie, sans référence à son Assomption. La date du 15 août serait celle de la consécration à Jérusalem de la première église dédiée à Marie, Mère de Jésus Fils de Dieu, au 5e siècle, après le concile d'Éphèse (431).

Pour conclure, citons le texte de Saint Jean de Damas (v.675-749), moine, théologien, docteur de l'Église. Il s'agit d'une homélie qu'il a prononcée sur la Dormition.
<Mère de Dieu, toujours vierge, ton saint départ de ce monde est vraiment un passage, une entrée dans la demeure de Dieu. Sortant de ce monde matériel, tu entres dans une patrie meilleure (He 11,16 : une patrie meilleure, celle des cieux ) … Les apôtres ont porté ton corps sans tache, toi l'arche d'alliance véritable, et l'ont déposé à son saint tombeau. Et là, tu es parvenue à la vraie Terre promise, je veux dire à la "Jérusalem d'en haut", mère de tous les croyants (Ga 4,26:  la Jérusalem d’en haut est libre, et c’est elle, notre mère.) … car ton âme assurément n'est pas descendue dans le séjour des morts, bien plus ta chair elle-même n'a pas connu la corruption (Ps 15,9-10 : Mon coeur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. ; Ac 2,31-32: le patriarche David a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption.  Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.). Ton corps très pur, sans souillure, n'a pas été abandonné à la terre, mais tu as été emportée aux demeures du Royaume des Cieux, toi la reine, la souveraine, la dame, la Mère de Dieu, la véritable Theotokos … Aujourd'hui nous nous approchons de toi, notre reine, Mère de Dieu et Vierge ; nous tournons nos âmes vers l'espérance que tu es pour nous. >

Le 1er novembre 1950, le Pape Pie XII a solennellement défini que "l'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste." 

Une illustration de la dormition se contemple au couvent orthodoxe de l'Emmanuel à Bethléem : fresque où l'on voit la vierge endormie et au-dessus Jésus avec l'âme de la Vierge.
 Jésus a pris avec lui l'âme de la Vierge Marie, sa mère, ce qui justifie le mot Assomption (qui signifie à l'origine : prendre avec soi).
Reportez-vous au blog diacretheophile21.blogspot.com en raison d'un problème technique de compatibilité avec le serveur. Veuillez m'en excuser.

 le jeudi 20 juillet 2017
Jacques Choquet

diacre

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